Fújnak a fellegek

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Le contexte

Niveau de présentation : Avancé

Hongrie > Transdanubie méridionale

Fújnak a fellegek


Musique populaire de Hongrie
Fújnak a fellegek Somogy megye felől - Les nuages soufflent du comté de Somogy
Transdanubie méridionale
Musique Páva

Le chant dont l’incipit littéraire est Fújnak a fellegek Somogy megye felől : "Les nuages soufflent du comté de Somogy", a été interprété a cappella par Szakáll Józsefné "Miklós" Bebők Judit "Dávid" à Nemespátró, dans le comté de Somogy, en Transdanubie, au sud-ouest de la Hongrie, en 1969.

L’enregistrement, réalisé par Imre Olsvai et Pál Sztanó, est conservé dans les Archives de l’Institut de Musicologie du Centre de Recherche des Sciences Humaines sous le numéro d’archive AP_6686l. 

Reproduit avec l'aimable autorisation des Archives de l’Institut de Musicologie du Centre de Recherche des Sciences Humaines (1014 Budapest, Táncsics M. u. 7.)

Le contexte

La musicologie hongroise : systèmes d'analyse et questions de transmission

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Brève contextualisation historique

La pratique de l’analyse musicale des chants de tradition orale en Hongrie

A l’aube de l’ethnomusicologie hongroise, la volonté des chercheurs était de constituer un classement des chants collectés. Pour ce classement, les caractéristiques mélodico-rythmiques et métriques des chants sont examinées et comparées. Il s’agit de la comparaison des chants collectés sur le territoire des différents dialectes musicaux, chez les peuples voisins et les peuples apparentés. L’influence de la musique savante sur la musique populaire a également été étudiée.  

Des éléments constitutifs des chants sont établis à partir des principes de la répétition : motifs, mesures, paires de mesures, refrains, phrases mélodico-rythmiques. L’échelle, l’ambitus, la structure rythmique et métrique, l’exécution des chants sont également examinés.

Les disciples de Bèla Bartòk et Zoltàn Kodàly, (1882-1967) compositeur, pédagogue, ethnomusicologue, ont continué et affiné le classement qui a pris progressivement forme entre 1951 et 2011 dans les douze tomes de Magyar Népzene Tára, Corpus Musicae Popularis Hungaricae.

Deux grands groupes de chants ont été dessinés : 

  • 1) Les mélodies de structures libres
  • 2) Les chants de structures fixes ou structures strophiques 

(Olsvai, 1998, p.521)

L’observation du contexte de l’exécution a complété l’analyse mélodico-rythmique et métrique des chants : les mélodies de structure libre sont circonstancielles. Ces chants sont systématiquement exécutés dans des circonstances précises (les tournants importants de la vie humaine, les fêtes du calendrier, les jeux des enfants…).

Les chants de structure fixe ou DE structure strophique sont exécutés librement à n’importe quelle occasion (Olsvai, 1998).

Les premiers cinq tomes de
Magyar Népzene Tára, Corpus Musicae Popularis Hungaricae sont consacrés aux chants non-circonstanciels. A partir du VIe tome, le classement des chants de structure fixe ou strophique a commencé.  

En cas de structurs fixs, les phrases musicales, leurs rapports et les notes finales des phrases sont comparés. A partir des analyses comparatives, les grands styles (catégories) des chants sont définis. Ces catégories comprennent le classement typologique des chants. 

Les grandes catégories sont le style ancien, le nouveau style et une catégorie mixte. Dans son étude, avant qu’il détaille finement leurs caractéristiques, Imre Olsvai, (1931-2014), ethnomusicologue pédagogue, les présente brièvement.

Les caractéristiques du style ancien (Olsvai, 1998, p. 523) :

1. La structure à retour n’existe pas (la première et dernière phrase musicale ne sont pas identiques, elles sont différentes soit dans leur contenu soit dans leur hauteur),

2. La ligne mélodique est généralement descendante (les mouvements de la première phrase musicale sont plus aigus que ceux de la dernière),

3. La pentatonie est parfaite ou perceptible.

4. Le nombre de syllabes par vers est réduit ou moyen (dans les types les plus fréquents, le nombre de syllabes par vers est 6, 8 et 11, le nombre de syllabes ne dépasse jamais 15),

5. Au début du siècle, au moment de la collecte, des chercheurs ont fréquemment constaté que ces chants étaient exécutés par des personnes âgées. Les jeunes ne les chantaient presque jamais. Le mode d’exécution des personnes âgées était le plus éloigné de l’exécution des mélodies populaires urbaines des citadins.

Les caractéristiques du nouveau style (Olsvai, 1998, p. 524) :

1. Le contenu mélodique et la hauteur des première et dernière phrases musicales sont identiques (structure à retour).

2. La troisième phrase musicale est toujours différente de la première et de la quatrième phrases musicales.

3. Si la structure des deux premières phrases musicales est A, B… ou A, A, la troisième phrase musicale est toujours B, cette phrase ne peut pas être A5 ou A3. (Le chiffre en exposant indique que la phrase A est transposée à la quinte ou à la tierce.)

4. Au début du 20e siècle, les chants provenant de ce style étaient l’expression musicale délibérée des jeunes, les personnes âgés ne les chantaient que très rarement. 

Les caractéristiques de la catégorie mixte :

Selon Olsvai (1998, p. 525) les chants classés dans la catégorie mixte sont extrêmement variés concernant leur caractéristiques musicales, rythmiques, métriques, leurs provenances ainsi que leurs origines : l’héritage ougrien, l’influence de la musique écrite ou la musique des peuples voisins…

Question d'apprentissage et de transmission

Entre oralité et écriture, comment transcrire et transmettre

Entre oralité et écriture: problèmes de transcriptions

Fújnak a fellegek, poésie chantée de tradition orale a été publiée dans le premier volume d’une méthode d’apprentissage du chant hongrois de tradition orale :  Paksa, Katalin et Klàra Bodza. 1997. Magyar nèpi ènekiskola. Magyar Nèpművelèsi Intèzet Néptàncosok Szakmai Hàza. Vol. 1. 4 vols. Budapest, p.171, n°130.

Accompagnés par les enregistrements sonores, les quatre volumes de ce recueil contiennent la transcription des mélodies et des textes. Pour l’apprentissage, les auteurs proposent deux approches complémentaires : l’écoute musicale et / ou la lecture des partitions.

En effet, le chant selon qu'il est entendu et retranscrit ne résonne pas de la même manière. Car le passage de l’oral à l’écrit provoque la déperdition de certains éléments porteurs d’informations : le timbre de voix, l’intonation de la hauteur des sons, l’accent, l’accentuation, le rythme et la vitesse. La transcription ne reflète pas la subtilité de l’interprétation, les émotions esthétiques le caractère parlando ou rubato de l’interprétation.

Selon les auteurs, la partition des chants est secondaire mais peut néanmoins aider l’apprentissage intentionnel car elle attire l’attention sur la structure du chant (chant strophique comprenant quatre phrases mélodiques), les ornementations, les variations rythmiques et mélodiques d’une strophe à l’autre qui se produisent au moment de l’exécution du chant.  La transcription peut offrir une approche analytique du chant.

Pour les ethnomusicologues, la transcription constitue la première étape de l’analyse : en effet, la perception du transcripteur, ses connaissances musicologiques, linguistiques et culturelles interviennent au moment de l’écoute et de la compréhension des discours musicaux oraux ainsi que durant leur encodage en écriture.

Avant l’apprentissage du chant, plusieurs écoutes peuvent être réalisées. Les objectifs de ces écoutes peuvent concerner la structure mélodico-rythmique, les caractéristiques de l’échelle, les particularités de l’interprétation, la prononciation des mots, l’intonation de la tierce mais également les émotions esthétiques.

23 septembre 2020

Zsòfia Pesovàr

Ethnomusicologue