La pluie tombe sur nous
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France > Ardèche > Musique traditionnelle française
La pluie tombe sur nous
Deux oeuvres sont en miroir : l'oeuvre est interprétée successivement par Jean-Philippe, Denis Sales et Evelyne Girardon.
Chanson de la tradition orale en français d'Ardèche - Haut Vivarais
Croisement des points de vue pour La pluie tombe sur nous
La musicienne qui interprète l'oeuvre : Evelyne Girardon.
Pour Evelyne Girardon, « La pluie tombe sur nous » est un mode de » RÉ authente » ou mode de « RÉ-La » (selon la nomenclature du médiéviste, chanteur, vielleur René Zosso.) Bourdon nommé Ré (note de référence en hauteur relative) et corde de récitation nommée La (quinte).
Corde de récitation ou corde récitative : aussi appelée dominante, c’est « l’autre axe d’organisation » de la mélodie, le second bourdon, au dessus de celui de la tonique (finale). (René Zosso)
Dans la cantillation qui caractérise la psalmodie (le chant des psaumes) la récitation se fait sur une seule note dite « corde de récitation. » (Larousse - Dictionnaire de la musique)
C’est le terme qui désigne la note sur laquelle se fait l’essentiel de la récitation. On l’appelle encore teneur, dominante ou tuba. (Science de la musique - sous la direction de Marc Honegger - Bordas)
Évelyne Girardon utilise la main imaginée par René Zosso (« Penser modal » - DVD Mustradem)
Un musicologue généraliste : François Picard.
Pour François Picard, le mode est clairement un 1er mode, ou mode de ré et le si est naturellement mobile (bémol ♭ ou ♮ bécarre, b mou ou b carré). Il suit en cela la leçon de la transcription initiale de 1985.
Point de vue de François Picard
Une modalité formulaire
Par « formulaire », on désigne aussi une des deux appréhensions observées de la modalité y compris dans des systèmes modaux aussi établis que le maqam irakien ou le chant grégorien : on observe ainsi que deux interprètes experts reconnus peuvent dire ressentir et expliquer un même mode l’un par un ensemble de formules caractéristiques, de tournures, mémorisées et classées, l’autre par une échelle pourvue de sa hiérarchie ; on appelle en théorie générale de la modalité la première appréhension « le mode formulaire » et la seconde « le mode scalaire ». On observe que rares sont les musiciens et musicologues à être capables de passer de l’un à l’autre, ce qui n’est pas très grave, puisque l’on observe que cela n’empêche nullement les musiciens de jouer ensemble. Plus grave, rares sont les musiciens, pédagogues et musicologues à accepter d’envisager que sa vision n’est pas la seule, ou du moins pas la seule vraie.
En conclusion, la modalité de Jean-Philippe, Denis Sales dans « La pluie tombe sur nous » s’accommode mal d’une explication par la modalité scalaire (« c’est un mode de ré » « la quarte est attirée par la dominante comme une sensible par la tonique ») mais s’explique de manière lumineuse par un fonctionnement formulaire, fait d’emprunts qui ne se font pas au hasard, mais guidés par cet étrange sentiment que ces bribes apparaissent comme appartenant à un même ensemble, et non à d’autres ensembles mélodiques du même répertoire, que ces bribes sont des briques que l’on peut assembler en A A B C C’ (« La pluie tombe sur nous »), mais aussi en C C A A B (« Joli mois de mai »). Ces briques sont caractérisées par des phrases allant de ré à la et de la à ré, avec la tierce ré-mi-fa et des notes mobiles si et sol.
L'interprète musicologue venant d’une autre tradition : Erik Marchand.
Erik Marchand entend un mode proche d’une échelles utilisées en Bretagne : une tierce mineure haute, une quarte entre la quarte juste et la quarte augmentée, deux valeurs pour la sixte, l’une un peu plus haute que la sixte mineure, l’autre un peu plus basse que la sixte majeure. Evelyne Girardon choisira de moduler de la sixte mineure à la sixte majeure.
Présentation de l'analyse d'Erik Marchand
Gwerz de Madame Bertrand « Nozvezh kentañ ma eured »