La cabrette

Cabrette, photo Caroline Léna Becker © Creative Commons

La cabrette : une cornemuse auvergnate

 

Il s'agit d'un instrument aérophone de la famille des cornemuses, c'est-à-dire comportant un ou plusieurs instruments à anches joués ensemble, et alimentés non pas directement par la bouche du musicien, mais par l'intermédiaire d'un sac formant réserve d'air. La cabrette appartient à un type particulier de cornemuses françaises, qui comprend également les musettes dites « du centre France », la chabrette limousine, les cornemuses historiques dites « grande chêvre » et musette « de cour », etc. Ce type organologique est reconnaissable à un tuyau mélodique à anche double (hautbois) monté parallèlement à un tuyau d'accompagnement (bourdon ou chanterelle), plus petit, tous les deux étant raccordés à la poche par la même pièce de bois (boîtier).

Le nom de cabrette (la cabreta) signifie « chevrette », en parler de Haute-Auvergne (dialecte languedocien de l'occitan). A travers différentes autres régions, c'est un terme courant pour désigner de façon générique la cornemuse, indépendamment d'un type organologique particulier : ainsi en limousin la « chabreta », la « craba » en Languedoc, la « chieuve » en Berry ou la « chèvre » en français.

La cabrette, sous sa forme actuelle, a vraisemblablement été mise au point à Paris vers le tout début du XIXe siècle par des artisans de la communauté auvergnate qui y était très présente et organisée. Sa conception mêle des caractéristiques issues de cornemuses régionales antérieures mal connues (perce, doigté, timbre et échelle particuliers, style de jeu, une partie du répertoire sans doute) et des éléments de lutherie et d'esthétique plus savantes, empruntés à la musette de cour alors tombée en désuétude (soufflet pour l'alimentation en air, boîtier « à boules » caractéristique, emploi de l'ébène, poche recouverte de velours et ornée de franges, galons, boutons de nacre, etc.).

La cabrette est devenue le symbole de la musique auvergnate, et s'est répandue dans toutes les régions d'une Auvergne très élargie, notamment diffusée par les nombreux groupes folkloriques créés au cours du XXe siècle. Son jeu a été poussé à un très haut point de maîtrise et de virtuosité, notamment par les musiciens de la colonie auvergnate de Paris (originaires surtout du Cantal, de l'Aveyron et de la Lozère), qui ont laissé de nombreux enregistrements sous forme de disques 78 tours dans la période de l'entre-deux-guerres. Leurs styles de jeu et leurs répertoires sont pratiqués aujourd'hui par de nombreux musiciens actuels.
 

Notice rédigée par Jean-Marc Delaunay (CRMTL).

Photo : Cabrette fabriquée par Claude Roméro, atelier de facture instrumentale du Centre Occitan des Musiques et danses traditionnelles Toulouse Midi-Pyrénées. Tête sculptée de Jacques Grandchamp. Photo Caroline Léna Becker © Creative Commons

Voir aussi l'histoire et les oeuvres interprétées à la cabrette par Antonin Bouscatel.